Désignée Grande cause nationale 2025 par le Gouvernement, la santé mentale est devenue une question de santé publique majeure. Pourtant, alors que le bien-être psychique est tout aussi essentiel que le bien-être physique, la santé mentale fait encore souvent l’objet d’incompréhensions et de tabous, y compris dans le secteur sanitaire et médico-social. À travers le déploiement d’actions d’envergure nationale, l’ANFH accompagne depuis plusieurs années les agents de la FPH dans la prise en charge des usagers. Mais la santé mentale des professionnels eux-mêmes est également un enjeu. Celui-ci a motivé l’ANFH à nouer un partenariat avec les ministères sociaux, afin de mettre à leur disposition un parcours de formation dédié aux agents publics.

Depuis la sortie de la crise sanitaire, plusieurs études ont montré une dégradation de la santé mentale des Français. Responsable de formation au sein des ministères sociaux (qui regroupent les ministères du Travail, de la Santé et des Solidarités), Antoine Cabarès précise ainsi que « chaque année, un français sur cinq est touché par un trouble psychique, tandis que 30 % des Français ont dans leur entourage une personne concernée par un trouble de ce type ». Certains agents de la FPH sont encore plus concernés que la moyenne de nos compatriotes : d’après une étude publiée par la Direction de la recherche, de l’évaluation, des études et des statistiques (DREES) sur la santé mentale des personnels hospitaliers, ceux-ci déclarent plus souvent des symptômes de dépression et d’anxiété que l’ensemble des personnes en emploi, et ils expriment aussi davantage un besoin d’aide pour des difficultés psychologiques.

Un parcours de sensibilisation pour les agents publics

Afin de doter tout agent de clés sur les troubles psychiques, les ministères sociaux ont développé un parcours de formation en e-learning transversal aux trois fonctions publiques, ce qui fait figure de première. « Ces troubles sont une composante de la santé et de la sécurité au travail. L’objectif était de permettre de les détecter », précise Antoine Cabarès. Conçu avec l’appui de Psycom, organisme public de référence sur la santé mentale, ce parcours s’inscrit d’abord « dans une démarche de sensibilisation généraliste, pour soi-même et pour ses collègues, même si rien n’empêche les agents qui l’ont suivi de transposer ensuite un certain nombre de connaissances dans leur relation avec les usagers. Il s’agit aussi d’identifier au sein de son environnement professionnel l’ensemble des acteurs RH concernés par la problématique, afin de pouvoir porter secours en donnant l’alerte ».

Initié en 2022 en lien avec la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP), le parcours de formation a été déployé en 2024. L’ANFH s’est montrée très intéressée par la démarche des ministères sociaux et, depuis juin 2025, il est à la disposition des agents de la FPH sur la plateforme e-learning de l’association.

Des modules interactif et en totale autonomie

Pour sensibiliser les agents aux risques liés à leur santé mentale et à celle de leurs collègues, le parcours se décline en deux modules d’une durée globale d’environ quatre heures : « Prenez soin de votre santé mentale » et « Agissons pour la santé mentale ». « À travers ce découpage, nous avons fait le choix de relier l’approche individuelle à une approche collective, au sens où agir pour soi conduit à agir pour les autres. Les deux démarches se complètent », explique Alexis Gueudré, responsable de formation et chargé du e-learning aux ministères sociaux. « La première partie du parcours aborde le bien-être psychique en tant que composante de la santé en général et enjeu de santé publique. L’objectif est aussi de faire reculer la stigmatisation. Le 2e module rentre davantage dans le détail des troubles psychiques, avec des mises en situation immersives. Les deux modules sont divisés en chapitres, avec pour chacun deux ou trois activités d’une durée comprise entre dix et quinze minutes. »

« Nous avons fait le choix de relier l’approche individuelle à une approche collective, 
au sens où agir pour soi conduit à agir pour les autres. »

« Dans le travail que nous avons mené avec Psycom, le fait de pouvoir suivre la formation en totale autonomie et de manière individualisée a été identifié comme un atout, car cela favorise l’engagement », relève Antoine Cabarès. Alexis Gueudré complète : « L’un des gros avantages de la formation e-learning, c’est qu’elle est adaptée au temps de travail de l’agent : on peut réaliser une activité un jour, suspendre sa session et revenir faire l’activité suivante le lendemain. L’outil est flexible et en libre accès à n’importe quel moment et depuis n’importe quel ordinateur, dans l’objectif de favoriser une massification de la formation sur la santé mentale. » Des quizz finaux permettent de confirmer la bonne acquisition des connaissances et des ressources complémentaires proposent à l’agent un bagage auquel il pourra se reporter en cas de besoin.

« À ce jour, plus de 90 % des personnes qui ont suivi le parcours estiment qu’elles vont pouvoir réinvestir tout ou partie des connaissances dans leur vie professionnelle, soit un chiffre important pour une formation généraliste. Par ailleurs, plus de la moitié des agents souhaitent devenir secouriste en santé mentale, ce qui représente un investissement personnel supérieur. Cela montre que l’essaimage recherché à travers cette démarche fonctionne » conclut Antoine Cabarès.

Une offre de formation diversifiée

Outre le parcours de formation e-learning proposé en partenariat avec les ministères sociaux, l’ANFH a déployé plusieurs formations dédiées à la santé mentale.

• Les premiers secours en santé mentale : https://www.anfh.fr/sites/default/files/fichiers/les_premiers_secours_en_sante_mentale.pdf

• Tous concernés par le psycho-traumatisme : https://www.anfh.fr/les-offres-de-formation/AZC3El9nalQlLBFyZ7p6

• Évaluer et orienter les personnes repérées comme étant à risque suicidaire : https://www.anfh.fr/les-offres-de-formation/AZAwz406alQlLBFyZ7el

• Prévenir le recours à l’isolement et à la contention en psychiatrie : https://www.anfh.fr/sites/default/files/fichiersprevenir_le_recours_a_lisolement_et_a_la_contention_en_psychiatrie.pdf

« La formation PSSM m’aide à mieux comprendre, prévenir et prendre en charge les troubles psychiques des résidents » Ouverte à tous, soignants comme non soignants, la formation Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM) aide à intervenir auprès des personnes qui rencontrent un problème ou une crise liée à la santé mentale. Aide-soignante à l’EHPAD de Pantin, Beatriz Da Silva De Guadalupe a suivi cette action de formation nationale financée par l’ANFH afin d’approfondir ses connaissances et d’améliorer sa prise en charge des résidents. Elle témoigne. « Dépression, anxiété, psychose… Nous sommes confrontés à une grande variété de troubles psychiques. Certains de nos résidents peuvent être agressifs, se manifester par de grands gestes, être impatients ou insistants. Pour mieux les comprendre et répondre à leurs besoins, j’ai demandé à ma cadre une formation adaptée à leur prise en charge. »

Avec cette formation j’ai beaucoup appris pour améliorer la prise en charge des troubles ou des crises en santé mentale, à la fois pour accompagner les résidents mais aussi mes proches, notamment une sœur atteinte de troubles bipolaires. J’échange beaucoup avec mes collègues intéressés par le sujet afin de partager nos avis et conseils sur différents cas. Il faut aussi souligner que les familles sont rarement d’accord avec notre regard : elles ont du mal à accepter que leur proche puisse avoir un problème de santé mentale.

FOCUS

ANFH Nord-Pas-de-Calais : promouvoir des pratiques respectueuses et sécurisées en santé mentale

Dans la continuité de l’AFN sur la prévention de l'isolement et de la contention, la délégation Anfh Nord-Pas-de-Calais développe un nouveau parcours de formation destiné à accompagner l’intégration et la montée en compétences des nouveaux professionnels en santé mentale.

« L’AFN "Prévenir le recours à l’isolement et à la contention en psychiatrie" a connu chez nous un certain succès car nos établissements et services psychiatriques étaient très demandeurs ! » lance Sofia Gaillard, déléguée de l’ANFH Nord Pas-de-Calais. Sur ce territoire, l’AFN a en effet été mobilisée 42 fois depuis son lancement en 2022. 364 agents issus de 11 établissements ont ainsi été formés au bon usage de l’isolement et de la contention, deux mesures qui doivent rester exceptionnelles et limitées dans le temps. « Cette formation, qui promeut des pratiques respectueuses et sécurisées, vise à renforcer les compétences des professionnels dans l’analyse, la prévention et la gestion des situations de crise. Les participants approfondissent le cadre juridique, engagent une réflexion éthique autour des pratiques de soins, identifient les signaux précurseurs et mobilisent des outils de désamorçage de crises » détaille Sofia Gaillard. L’enjeu principal de la formation ? « La qualité et la sécurité des soins, comme pour l’ensemble de nos formations dans le domaine de la santé mentale. »

 

Accompagner l’intégration des nouveaux professionnels en santé mentale

Dans le prolongement de cette démarche, la délégation Nord-Pas-de-Calais pilote la création d’un nouveau parcours de formation intitulé « Professionnalisation des IDE débutants et AS en psychiatrie et IDE en pédopsychiatrie ». Son ambition : accompagner l’intégration et la montée en compétences des nouveaux professionnels en santé mentale grâce à une meilleure compréhension des protocoles, des pratiques et de l’environnement spécifique de la psychiatrie. Complémentaire à l’AFN, ce parcours sera lancé cette fin d’année 2025 et se composera de trois modules en blended-learning : « Accompagner la professionnalisation des infirmiers débutants en psychiatrie », « Prise en soins des enfants et des adolescents en psychiatrie (IDE) » et « Accompagner la professionnalisation des AS en psychiatrie ».

Co-construit avec des professionnels de 11 établissements, le parcours aborde notamment les signes et symptômes en psychiatrie, la prévention des risques, les traitements médicamenteux et la communication thérapeutique. « Il met également l’accent sur le travail en équipe pluridisciplinaire, précise Sofia Gaillard. Au-delà de l’acquisition de connaissances, il s’agit d’une action de soutien et de prévention : comprendre les psychopathologies permet de mieux saisir certains comportements, d’adapter sa posture de soin et d’être mieux préparé à un environnement professionnel exigeant. »

« En conjuguant prévention, professionnalisation et travail en équipe, ces formations structurantes traduisent un engagement collectif pour une psychiatrie de qualité, 
respectueuse des droits des patients et des professionnels. »

Répondre aux enjeux territoriaux

« La santé mentale a toujours été au cœur de notre action régionale » assure la déléguée territoriale. Entre 2021 et 2025, 179 professionnels ont été formés à la reconnaissance précoce des troubles psychiques et à la prévention de la crise suicidaire, 128 à l’évaluation de la crise suicidaire, 29 à la prise en soins en psychiatrie des personnes âgées ayant une pathologie psychiatrique et 14 à la prise en soins en équipe psychiatriques. « Ces formations seront maintenues et développées en 2026, en adéquation avec nos enjeux territoriaux. »