DOSSIER // Apprentissage : une nouvelle réponse aux besoins en ressources humaines

Depuis la rentrée 2021, dans le cadre de nouvelles dispositions réglementaires, l’ANFH a mis en place un dispositif de soutien au développement de l’apprentissage au sein de la Fonction publique hospitalière. Ce mode de recrutement représente un nouveau levier pour l’attractivité des établissements et la fidélisation des jeunes professionnels. Tour d’horizon des modalités d’accès et des nombreux atouts de cette formation en immersion.

Depuis le 20 septembre 2021, le décret n° 2021-1209, relatif au développement de l’apprentissage dans la FPH, permet de déployer de nouveaux moyens pour répondre aux besoins en personnel des établissements sanitaires et médico-sociaux. Dans ce contexte, l’ANFH a adopté une stratégie contribuant à l’essor du recrutement d’apprentis, élargissant ainsi son champ d’action. Un nouveau dispositif peut désormais être mobilisé par tous ses adhérents pour soutenir les parcours des jeunes en apprentissage, quels que soient les métiers visés ou les diplômes préparés à travers leur cursus.

Une nouvelle prise en charge pour favoriser l’essor de l’apprentissage

Dans ce cadre, le soutien financier de l’ANFH, mobilisant les fonds mutualisés pour compléter la prise en charge sur les plans de formation des établissements, peut atteindre 50 % du total des coûts pédagogiques liés au recrutement d’un apprenti, dans la limite d’un plafond de 6 000 à 7 500 euros selon le niveau du diplôme préparé. Pour une formation de secrétaire médicale, (niveau IV)par exemple, la prise en charge peut couvrir jusqu'à 6 000 euros des frais de scolarité, qui s’élèvent à 15 000 euros sur dix-huit mois. En complément, l’établissement employeur peut couvrir les autres frais liés au recrutement d’un apprenti via son plan de formation. En outre, l’État accorde, dans le cadre du plan de relance, une aide exceptionnelle de 3 000 euros, reversée par l’ANFH, pour la signature de mille contrats d’apprentissage après 1er juillet 2021. Enfin, dans le cadre de partenariats avec l'ANFH, il est possible d’obtenir des subventions des Agences régionales de Santé (ARS) ou des Conseils régionaux , ou encore, le cas échéant, de solliciter des aides dans le cadre du partenariat avec le Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP).

Ce nouveau contexte offre un terrain favorable au développement de l’apprentissage dans les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux. « Auparavant, nous embauchions nos apprentis sur nos fonds propres, explique Bénédicte Deguille, DRH adjointe du Groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace (GHRMSA). Aujourd’hui, ces recrutements sont effectués avec le soutien de l’ANFH, et dans le cadre de notre plan de formation pour les coûts pédagogiques non couverts par les fonds mutualisés. Cela diversifie nos leviers d’action en matière de ressources humaines, sans complexification administrative. » Ainsi, pour 2021-2022, le GHRMSA a pu recruter 19 jeunes en apprentissage contre quatre l’année précédente – en majorité des étudiants de niveau BTS.

Un atout pour l’attractivité et la fidélisation des professionnels

Recruter un apprenti, c’est aussi miser sur un jeune professionnel qui pourra évoluer au sein de l’établissement. « Les personnes en apprentissage dans notre hôpital découvrent progressivement un environnement de travail et évoluent en immersion dans un milieu professionnel, détaille Alain Viaux, Directeur de la Formation et Directeur adjoint du département RH & Affaires sociales du CHRU de Nancy. Notre objectif, par la suite, est de les fidéliser pour qu’elles continuent leur parcours avec nous. » Les apprentis se voient ainsi confier des missions à part entière qui leur permettent de s’intégrer véritablement dans leur équipe, tout en étant reconnus pour leur travail.

Pour les services des Ressources humaines, l’apprentissage permet aussi une diversification des modalités de recrutement, tout en renforçant l’attractivité des établissements en matière d’emploi. « Dès 2018, nous avons obtenu un soutien du Conseil départemental de la Moselle pour embaucher des apprentis, ceci dans une logique plus vaste consistant à favoriser l’insertion professionnelle dans le département, rapporte Claire Hugenschmitt, directrice du Centre départemental de l’Enfance de Moselle. Cela nous a permis d’étoffer nos équipes d’éducateurs en recrutant six apprentis : éducateurs spécialisés, éducateurs de jeunes enfants et moniteurs-éducateurs. Privilégier les candidats domiciliés dans notre département nous permet de mieux les fidéliser. Après leur formation, nous pouvons généralement leur proposer un recrutement en CDD, puis certains s’orientent vers la préparation d’un concours pour devenir titulaires de la FPH. Dans un contexte de crise du recrutement, diversifier les modalités de recrutement est une bonne solution. »

En attendant une possible pérennisation de leur contrat, les apprentis perçoivent un salaire pouvant aller jusqu’à 100 % du SMIC, en rétribution des tâches exercées dans l’établissement. Cela représente un atout non négligeable dans le financement de leurs études, une problématique cruciale pour la réussite d’un cursus qui peut s’étaler sur trois à quatre ans.

« Fidéliser les apprentis en les intégrant véritablement à l’équipe. »

OUVRIR DE NOUVEAUX METIERS A L'APPRENTISSAGE

Dans les établissements qui ont opté pour ce nouveau mode de recrutement, l’apprentissage concerne des secteurs et des métiers variés. « Nos apprentis travaillent essentiellement dans les fonctions dites supports : métiers techniques, de l’information ou de la logistique… Une occasion de rappeler que l’hôpital n’emploie pas uniquement des médecins ou des infirmières, souligne Alain Viaux. Dans les services informatiques, il existe par exemple un besoin important de développer l’intelligence artificielle, et les apprentis répondent à ce besoin» Au CHRU de Nancy, un apprenti est en charge du développement d’une application permettant la dématérialisation de nombreuses tâches (établissement des ordres de mission, des notes de frais, etc.). Plus largement, grâce aux nouveaux financements disponibles, l’établissement a pu doubler le nombre d’apprentis recrutés à la rentrée 2021, passant de 15 à 30 salariés travaillant dans ce cadre.
« Ce type de contrat devrait maintenant pouvoir se généraliser pour les nombreux postes en tension, conclut Bénédicte Deguille. Dans notre établissement, ils sont très variés : secrétaire médical, kinésithérapeute, manipulateur radio, cuisinier hospitalier, électricien, plombier, préparateur en pharmacie hospitalière, contrôleur de gestion ou encore technicien biomédical. »

 

« Un soutien important pour développer l’apprentissage »
Laurent Spannagel, Directeur de l’EPDAH - Les Tournesols à Marly (57)

« Notre établissement accueille des personnes adultes en situation de handicap, en hébergement permanent ou temporaire. Il y a trois ans, nous avons fait le choix de l’apprentissage qui représente une formation très intéressante, mêlant enseignement académique et pratique professionnelle sur le terrain. Les personnes que nous recrutons dans ce cadre sont intégrées dans notre équipe comme des professionnels à part entière. Au moment de l’embauche, nous prévoyons des journées de “test professionnel” au cours desquelles les apprentis sont sur le terrain. Ils accompagnent les agents dans leurs tâches quotidiennes (nursing, toilette, etc.). Ils peuvent alors les questionner sur tous les aspects qui les interrogent et mieux savoir comment ils pourraient, eux-mêmes, interagir avec les personnes en situation de handicap. Tout au long de leur cursus, ils ont également des rendez-vous réguliers avec leur maître d’apprentissage. Notre but est de leur permettre d’acquérir une meilleure connaissance de notre secteur d’activité et de ses spécificités, tout en les fidélisant en vue d’un possible recrutement en CDI.
Dans notre établissement, les apprentis suivent le plus souvent une formation d’aide-soignant. Nous avons aussi des étudiants en licence professionnelle de Management des structures sanitaires et sociales, et en BTS Économie sociale et solidaire (ESS). D’autres préparent le diplôme d’éducateur ou de moniteur spécialisé. L’apprentissage me paraît être une bonne voie pour les jeunes : cela leur donne une première expérience professionnelle en début de parcours, qu’ils pourront valoriser par la suite. Le fait que l’ANFH puisse désormais nous soutenir est une très bonne nouvelle pour nous : cela représente un soutien important pour le développement de ces contrats avec nos partenaires pédagogiques, par exemple l’Institut régional du Travail social (IRTS)
. »

 

"Nos apprentis contribuent à forger une image positive de notre établissement"
Sophie Martin, chargée de développement RH et
responsable du service Communication au centre hospitalier de Narbonne

« Par le biais de l’apprentissage, en tant qu’institution publique, nous offrons à des jeunes de notre territoire une possibilité supplémentaire d’intégrer le monde du travail et de développer leur potentiel, sachant que certains connaissent des difficultés sociales. Nous recrutons essentiellement des apprentis dans les secteurs de l’informatique, du contrôle de gestion et des ressources humaines, ou encore comme préparateurs en pharmacie hospitalière. Si nous souhaitons en priorité pouvoir les fidéliser à l’issue de leur formation, ceux qui seront recrutés par un autre employeur auront une première expérience professionnelle de deux à trois ans à faire figurer dans leur CV. Pendant leur parcours d’apprentis, nous nous efforçons de les accompagner le mieux possible pour qu’ils trouvent toute leur place dans leur unité et leur équipe, en fixant avec eux des objectifs précis et des temps d’évaluation. Cette année, grâce au soutien de l’ANFH, nous avons pu embaucher seize apprentis qui préparent des diplômes variés : masters en communication, RSE ou contrôle de gestion, CAP Bâtiment, etc. Pour certains, le recrutement en apprentissage fait même suite à des missions de bénévolat ou en service civique. Par leur travail et leur implication, ils contribuent à forger dans la région une image positive de notre centre hospitalier, orientée vers la qualité des soins et les valeurs de service public. »

 

Le maître d’apprentissage : un rôle clé

Au cœur du dispositif d’apprentissage, le maître d’apprentissage est responsable de la formation du jeune professionnel recruté par l’établissement sanitaire ou médico-social. Encadrant l’apprenti durant tout le temps de sa formation, il coordonne les relations entre ce dernier, son employeur et son CFA. Pour mener à bien cette mission, le maître d’apprentissage doit avoir les compétences pédagogiques et professionnelles correspondant au diplôme préparé. Le candidat à cette fonction doit ainsi être titulaire d’un diplôme en lien avec la qualification visée par l’apprenti et d’un niveau au moins équivalent, et justifier de deux ans d’expérience professionnelle dans le domaine concerné – ou, en l’absence de diplôme, de trois années de pratique du métier. Par ailleurs, le maître d’apprentissage doit pouvoir disposer du temps nécessaire au suivi de l’apprenti et être associé à la définition des missions de celui-ci, en amont du recrutement. À noter que certains CFA dispensent des formations aux fonctions de maître d’apprentissage, dédiées notamment aux aspects pédagogiques de cette mission.

 

 

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