ENTRETIEN
« Cette collaboration avec l’ANFH a été l’opportunité de construire un programme vraiment adapté aux besoins »
Camille Fiévet, cadre supérieur de santé à l’EPSM Lille Métropole et Samuel Venel, cadre supérieur de santé à l’EPSM de l’agglomération Lilloise
Élaboration du cahier des charges, sélection de l'organisme de formation, ajustement des modules… Le nouveau parcours « Professionnalisation des IDE débutants et AS en psychiatrie et IDE en pédopsychiatrie » a été co-construit avec des professionnels Dont Camille Fiévet, cadre supérieur de santé à l’EPSM Lille Métropole et Samuel Venel, cadre supérieur de santé à l’EPSM de l’agglomération Lilloise. Ils témoignent des raisons de leur implication.
À quoi répond ce nouveau parcours de formation consacré à l’intégration des IDE et AS en psychiatrie et pédopsychiatrie ?
Camille Fiévet : Son objectif est de permettre aux nouveaux infirmiers, aides-soignants et infirmiers en psychiatrie ou pédopsychiatrie d'avoir une montée en compétences dès leur première année d’intégration. Les apports sur la psychiatrie sont assez limités dans les formations initiales. En général, les agents se spécialisent sur le terrain en fonction de leur parcours, de leurs souhaits et de leurs appétences. Il est souvent nécessaire de prévoir une période d'adaptation à l'emploi ainsi qu’un accompagnement des nouveaux agents pour leur permettre de développer les compétences attendues et avoir une meilleure en compréhension de l’environnement. En ce sens, la formation continue est un pilier indispensable de nos services.
« Il existait, jusqu’à présent, peu de formation continue en psychiatrie pour les aides-soignants. »
C’est d’autant plus vrai pour les aides-soignants qui ont une formation initiale très courte et pour lesquelles il existait, jusqu’à présent, peu de formation continue en psychiatrie pour les aides-soignants. Le besoin d'une montée en compétences rapide était très attendu dans les unités d'hospitalisation.
Cette collaboration avec l’ANFH représentait une opportunité de construire un programme vraiment adapté et d’aborder des points que les aides-soignants peuvent mettre plusieurs années à acquérir comme les principes de réhabilitation psychosociale ou les droits des patients.
Samuel Venel : L’idée est d’intégrer ces formations dans le cadre d’un parcours d'adaptation à l'emploi. Même si c’est particulièrement vrai pour les aides-soignants, tous les professionnels ont besoin d’adapter leurs compétences à leur environnement de travail. Par exemple, les compétences relationnelles sont nécessaires dans tous les services mais il y a un degré d’attente spécifique à la santé mentale. Au-delà de la spécialité, l’entrée en communication sera encore différente selon le public. Par exemple, en psychiatrie de l’enfant, on utilisera préférentiellement le jeu, ce que l’on retrouvera moins en psychiatrie adulte.
« L’objectif est d’adapter les compétences des agents à leur environnement de travail. »
Quel est l’intérêt d’avoir co-construit ce parcours avec des professionnels ?
Samuel Venel : C’est essentiel d’avoir des personnes du terrain impliquées dans l’élaboration des dispositifs de formation. Cela permet d’identifier précisément les besoins des agents, d’être pertinent dans notre approche et d’éviter d'avoir une formation trop généraliste ou redondante par rapport aux formations initiales.
Camille Fiévet : Travailler en collaboration entre experts est indispensable pour assurer une bonne qualité des formations. L’exigence est trop importante pour que nous nous trompions. De plus, c’est un travail important qui demande beaucoup de temps, il faudrait que davantage de professionnels s’impliquent dans les formations des agents.
Par ailleurs, au-delà de se mettre d’accord sur les attendus en termes de compétences, l’intérêt est de créer un savoir-faire partagé et une culture commune à l’échelle nationale. Dans le cahier des charges du parcours nous avons par exemple mis l’accent sur l’importance d’avoir une prise en charge plus humaine et respectueuse du droit des patients en psychiatrie.
Quel a été le rôle de l’ANFH dans la construction de ce programme ?
Samuel Venel : Il a été essentiel. L’ANFH était à l’initiative de la proposition et a coordonné tout le travail des experts. Sans elle, un tel projet aurait eu du mal à aboutir.
Camille Fiévet : L’ANFH permet également de poursuivre le travail dans le temps. Par exemple, nous travaillons actuellement sur une nouvelle formation pour ce parcours mais à destination des cadres de santé.